Tout le monde a vu la scène de la journaliste hongroise qui a fait un croc-en-jambe à un homme syrien et à son fils. Même une équipe de football espagnole, qui a proposé au migrant un travail comme entraîneur. Mais pourquoi un grand nombre de Syriens traversent les Balkans pour rejoindre l’Europe du Nord ?
Il y a un mois que la chancelière Angela Merkel a décidé de suspendre les accords de Dublinpour les réfugiés syriens, afin d’évaluer leurs demandes d’asile. La Convention de Dublin en effet prévoit que l’Etat compétent pour examiner la demande d’asile est l’Etat de la première arrivée, et ce afin d’éviter la soi-disant asylum shopping, la demande d’asile posée par un migrant dans plusieurs pays européens.
Les traités de Schengen, avec la création d’un espace sans frontières intérieures, ont créé une seule frontière commune aux Etats participants. Ce système, cependant, a eu l’effet pervers d’orienter la pression migratoire sur les pays méditerranéens, qui se sont par la suite équipés pour sauver les vies des réfugiés en Méditerranée à leurs propres frais.
Les demandes répétées pour un soutien solidaire à la gestion de cette frontière commune ont continuellement été ignorées par les sommets européens, contribuant ainsi au sentiment d’anti-européanisme dans ces Etats. Il faut aussi rappeler que ce sont cependant les pays nordiques, l’Allemagne et la Suède en tête, qui ont ces dernières années accueilli le plus grand nombre de réfugiés. En ce sens, il serait nécessaire de renforcer la coopération avecles pays d’Europe orientale qui ont gagné beaucoup de leur adhésion à l’Union. Sans blâmer ces Etats, il est nécessaire d’adopter une stratégie commune aux 28 Etats-membres qui ne peuvent pas faire face à un problème transnational comme l’immigration avec des politiques nationales. Beaucoup de réponses ont déjà été développées au niveau européen, mais il faut aller plus loin dans leur mise en œuvre.
Par exemple, en dépit du système d’asile européen, il y a encore beaucoup de différences entre les pays membres dans la pratique de l’octroi d’asile : par exemple, une femme victime de mutilation génitale aurait automatiquement droit à l’asile en Belgique, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays de l’Union européenne.
Une politique étrangère fondée sur un pacte entre les pays de l’Union européenne est nécessaire. Cette politique doit se tourner dans la direction de l’Afrique et du voisinage européen, et plus particulièrement les zones desquelles partent les flux migratoires : la Corne de l’Afrique, le Sahel, les pays d’Afrique subsaharienne et les pays déchirés par la guerre comme la Libye et la Syrie.
Le flux de migrants n’est en réalité pas une situation d’urgence : c’est maintenant une question structurelle. Par conséquent, il est nécessaire de changer l’approche : des mesures d’urgence et unilatérales comme celles de l’Allemagne ne vont pas résoudre la crise. Seule une action d’une Europe unie, en collaboration avec l’ONU, en faveur de la stabilisation de ces pays d’origine des flux et leur démocratisation peut avoir un résultat efficace. Tout ça, combiné avec des politiques économiques du développement dans ces pays.